La pénurie d’électricité envisagée cet hiver inquiète les ménages. En raison notamment de la guerre en Ukraine, la fragilité énergétique de la Suisse, ainsi que de ses voisins européens, est mise à jour. Le gaz pourrait venir à manquer, générant notamment des coupures de chauffage ou empêchant la marche de certaines entreprises fortement dépendantes.
Or des solutions existent, parmi lesquelles le biogaz. Les déchets organiques, les résidus des coupes de plantes, le fumier et le lisier produisent une énergie locale et largement neutre en termes de CO2, qui peut être utilisée pour le chauffage ou pour faire le plein de véhicules.
Sans prétendre résoudre l’ensemble du problème, certaines solutions développées par des entreprises et soutenues depuis de nombreuses années par la Fondation Suisse pour le Climat permettent de l’atténuer.
Parmi ces dernières, l’entreprise Duttwiler Energietechnik, basée à Zurich, qui produit du biogaz à partir de déchets organiques. Sa solution permet de remplacer les carburants fossiles comme le diesel, l’essence et le gaz naturel par du biogaz. Sa production génère en même temps un résidu de fermentation utilisé comme engrais agricole.
Autre exemple, fahrBiogas à Frutigen BE, qui précise que le biogaz produit à partir de déchets est renouvelable et neutre en termes de CO2 car « la même quantité de CO2 serait produite si la biomasse se décomposait sans être utilisée. Il en va tout autrement des carburants fossiles : ils génèrent des quantités supplémentaires de CO2, fixées depuis des millions d’années, qui sont brusquement libérées dans l’atmosphère – trop en trop peu de temps. »
Le Biogaz ne nécessite pas d’infrastructure complexe et couteuse, comme l’illustre la famille Müller, à Thayngen SH, qui a ouvert une station-service de biogaz produit à partir de lisier, de fumier et de résidus organiques. « Notre installation nous permet d’utiliser de manière judicieuse le lisier et le fumier produits sur notre exploitation, ainsi que les résidus organiques de la région », explique Andrea Müller. L’exploitation familiale peut désormais cultiver ses champs avec un carburant renouvelable sans impact sur le climat. Et tous les besoins en énergie de la ferme (électricité, chaleur, carburant) sont couverts par des sources renouvelables propres.
Ces dernières années, et sans attendre la crise énergétique de cet hiver, la Fondation Suisse pour le Climat a soutenu de nombreux projets de biogaz. Ainsi, pas moins de onze projets de ce type étaient déjà soutenus par la Fondation en 2020, pour un montant total de 782’000 francs suisses. «Nous n’avons jamais reçu et approuvé autant de projets de biogaz que ce printemps », constatait alors Vincent Eckert, directeur de la Fondation. « Avec le recyclage des déchets organiques en combustible ou carburant, le circuit se ferme. Notre engagement de longue date dans ce domaine porte ses fruits ! »
Deux projets d’utilisation biocarburant – graisses et huiles rejetées par l’industrie agro-alimentaire – menés par des entreprises tessinoises ont aussi été soutenu par la fondation: Caminada Energy Technologies, qui remplace les systèmes de chauffage au fuel par des combustibles liquides biogènes et l’entreprise Oekokraft, qui chauffe des serres à l’aide d’installations de cogénération fonctionnant avec des combustibles liquides et biogènes.
Le biogaz est issu de la fermentation des matières organiques. Une tonne de déchets permet de produire entre 25 et 300m3 de biogaz. Ce dernier peut par ailleurs être injecté dans le réseau. A ce niveau, la Suisse fait office de pionnière, étant donné que du biogaz a été injecté dans le réseau gazier dès 1997, ce qui constituait une première mondiale !
Aujourd’hui, le soutien de la Fondation Suisse pour le Climat envers ces solutions pourtant simples est devenu d’une actualité criante. Les projets continuent à se développer, et la Fondation poursuit son engagement dans ce domaine.
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